L'Éparpillage
J’ai grandi avec une curiosité de mes origines, pourquoi j’suis là et comment. Mais, quoi faire? Le monde a été épaillé par les difficultés de l’environnement, par les guerres, en cherchant une bonne vie de paix, de plus par les changements de gouvernement ou de commerce. Les acadiens étiont arrachés de leurs terres pendant la déportation durant le Grand Dérangement en Acadie puis ont été épaillés tout partout – en France, en Angleterre, aux Antilles, à l’île de Saint-Domingue (asteur Haïti), au littoral est des États-Unis, en Amérique du sud, et aussi icitte en Louisiane. Nous-autres, on est là à cause d’un éparpillage. Ça fait, j’ai tracé mon chemin en cherchant des places où la terre avait été dérangée ou bien où je pourrais trouver les liens à mes ancêtres acadiens. Étant les récolteurs, eux-autres étiont toujours attachés à la terre. Ça c’était quèque chose que j’avais senti toute ma vie – ce sens d’une connexion à la terre, à la nature. J’aime beaucoup incorporer les places physiques que je visite, donc ramasser la boue de ces endroits uniques puis l’implémenter dans mes œuvres est essentiel. Il faut toujours que je prenne la terre dans mes mains; on n’est plus déconnecté en ce moment-là. Et c’est ça, c’est ça qui fait un lien spirituel puis me revigore. Étant dehors m’inspire – avec tout ce qui est venu, tout ce qui a été, avec tout ce qui existe encore.
C’est ma passion de peindre des monstres cartoonesques, des créatures mythologiques, et certains environnements qui m’inspirent. Durant mes voyages j’imagine les bêtes farouches qui existeraient peut-être là-bas. Là dans le marais, le bayou, la mèche, le bois, le fleuve, la baie, le bassin. Où se trouvent les Guédry verts là-bas? Eux-autres existent dans les mêmes places comme les bêtes que j’ai mentionnées avant. Ces petites affaires nues sont les métaphores pour nous-autres – étant les cadiens et créoles on vit contents, bienveillants, et grâce aux indigènes gentils on a un sentiment d’appartenance icitte. Mes nouveaux contes écrits dépeignent leurs vies secrètes dans chacun de ces tableaux.
Un jour j’étais après penser au temps dans ma jeunesse quand j’écrasais des châteaux d’écrevisses sur notre propriété comme si j’étais un grand monstre terrible quand tout à coup ça m’a frappé – j’étais après agir bien comme les créatures qui apparaissent asteur dans mes tableaux. Ces créatures sont plutôt mystérieuses, quèquefois méchantes, quèquefois charmantes, mais sûrement évoquant les affaires qui viennent du folklore de la Louisiane. Eux-autres protègent l’environnement de temps en temps en détruisant des ponts, des autres espèces invasives, ou même hantant le monde qui essaie d’étouffer Dame Nature. C’est un monde mythologique familier et contemporain que j’ai créé pour notre culture louisianaise à laquelle je me suis senti connecté la plupart de ma vie.
I grew up with a curiosity of where I come from, why I am there and how. Well, why? People have been scattered and dispersed because of difficulties with the environment, by wars, by seeking a life full of peace, moreover by exchange of governments or trade. The Acadians were taken from their land by deportation during the Grand Dérangement in Acadia and were then scattered everywhere - in France, in England, the West Indies, the island of Santo Domingo (now called Haiti), the eastern coast of the United States, in South America, and also in Louisiana. We're here because of an éparpillage. I made my way by looking for places where the earth had been disturbed or where I could find the links to my Acadian ancestors. Being farmers, they were always attached to the land. That was something I had felt all my life - this sense of connection to land and nature. I love to incorporate the physical places I visit, so picking up the mud from these unique places and then implementing them in my works is essential. I always take the earth in my hands; we are no longer disconnected in that moment. That’s what creates a spiritual connection and revitalizes me. Being outside inspires me - out there with everything that has come, everything that has been, with everything that still exists.
It’s my passion to paint cartoonesque monsters, mythological creatures, and certain environments that inspire me. During my excursions I imagine the wild beasts that perhaps exist out there. There in the swamp, the bayou, the marsh, the woods, the river, the bay, the basin. Where are the Green Guédrys? They exist in the same places as the beasts I mentioned before. These little naked things are the metaphors for us - being Cajuns and Créoles, we live happily and benevolently, and thanks to the kind natives we have a sense of belonging. My newly written tales depict their secret lives in each of these paintings.
One day I was thinking about a time during my childhood when I was smashing crawfish castles on our property as if I were a gigantic terrible monster when all of a sudden it hit me - I was acting like the creatures do that appear in my paintings now! These creatures are rather mysterious, somewhat wicked, somewhat charming, but they surely resemble things that come from Louisiana folklore. They protect the environment from time to time by destroying bridges, other invasive species, or even haunting the people who try to smother la dame Nature. I’ve created a familiar and contemporary mythological world for our Louisiana culture to which I have felt connected for most of my life.
Installation images, taken by Michael Smith, courtesy of Arthur Roger Gallery in New Orleans, LA.