kolaborasyon | collaborations > Du marais à la mer

Ô Grand Cyprès
Video
2020

Un film de Géraldine Laurendeau et Jonathan Mayers ©2020

Ô Grand Cyprès est un des chapitres d'une série de courts vidéos sur le thème des paysages louisianais. C'est un poème vidéo qui présente le cyprès chauve, champion des zones humides en Louisiane dont le plus grand spécimen se trouve dans la Réserve faunique nationale de Cat Island. Au cours des derniers siècles, ces marécages ont perdu du terrain suite à la coupe forestière et à la transformation du territoire. Ce film questionne la relation que les humains entretiennent avec les cyprières depuis plusieurs siècles.

Les images sont issues de la documentation visuelle cumulée au cours d'un séjour en résidence à A Studio in the Woods à l'hiver 2019.

Image additionnelle du cyprès chauve champion de la Réserve faunique nationale de Cat Island photographier à l'automne 2015 par Jonathan Mayers.

Texte: Géraldine Laurendeau
Narration: Jonathan Mayers
Prise de vue et montage vidéo: Géraldine Laurendeau et Jonathan Mayers.
Conception sonore: Éric Patenaude.

"Ô Grand Cyprès"
par Géraldine Laurendeau

Pendant mille ans tu as vécu,
Les genoux plantés dans l'eau de boue,
Les bras levés au ciel

Pendant mille ans tu as vu les jours et les nuits,
Défiler les guerres des hommes,
La survie et la prédation des êtres mobiles ou volants.
Mais toi, tu t'es ancré au sol si largement
Que tu embrassais la Terre entière.

De temps à autres, tu voyais un frère s'étendre
Au milieu du marais, puis,
L'alligator s'allongeant au soleil à l'oblique, sur sa branche,
Et le mocassin d'eau, serpentant à tes pieds langoureusement.

Puis un jour, tes semblables ont fini par s'allonger aussi
L'un après l'autre, découvrant d'abord un tout nouveau paysage à l'horizon

Et un matin, ce fut ton tour
À coups de hache et de scie, deux hommes suspendus entre eau et terre
Ont plongé dans ta peau, si profondément et si abruptement
Que ton sang s'est arrêté, ta tête roulant au sol
Comme le coupable après la guillotine.

Qu'avais-tu donc fait Cyprès pour mériter une telle fin?
Tu as si bien fait, résolu l'énigme de l'eau et de la respiration anaérobique,
Que les hommes t'ont voulu tout pour eux, et t'ont abattu.

Mais ton esprit est toujours là et il hante la forêt, la ville, la plaine,
Parmi nous à chaque instant, tant ton bois continue de vivre,
De respirer et de transpirer sa sève au prochain qui t'écorchera.

Ton odeur subsiste, parmi les effluves d'humidité persistante,
Ton grain se révèle sous le sable rugueux du papier,
Ta force contre tous les ouragans du monde
Est une preuve de résilience et de résistance

Tes cheveux de semis, suspendus à tes branches
Attendent les vents pour s'évader et germer plus loin
Pour recommencer le cycle de mille ans
Dans une terre nouvelle, faite de sédiments.

Ce projet a été rendu possible grâce au soutien financier du Conseil des Arts du Canada.

Textes additionnels: Paul A. Keddy

Traduction libre: Géraldine Laurendeau

Remerciements:
The Historic New Orleans Collectons, archives vidéo
Cajun Country Swamp Tours
Julie Whitebeck, écologiste à Barataria Preserve
Brian Markey pour guidedcanoetours.com
Will McGrew et Télé-Louisiane
Conseil des Arts et des Lettres du Québec

Remerciements spéciaux:
A Studio in the Woods (Tulane University) dont Ama, Cammie, Grace, Dave et Joe qui nous ont accueillis en 2019 de la série de résidence thématique "Adaptations: Living with Change."

Nos sites web personnels:
Géraldine Laurendeau
Jonathan Mayers